« Et par miracle, au développement du fichier RAW, quelle joie de voir apparaître cette image sortie de mon imaginaire, la même que celle qui s’était gravée dans mon désir. »
Nous étions le sept juillet deux mille treize. Au détour d’un sentier, dans le Parc Miner à Granby. Je n’avais pas idée de ce qui m’attendait. Pour un photographe qui a dix mille heures de photos dans le corps cela est sans doute commun. Mais pour moi, ce « feeling » est rarissime. Mais là ça y était. Je la voyais dans ma tête cette photo; avant même de coller mon œil dans le viseur; avant même d’ajuster les paramètres d’exposition; avant même de faire basculer mon appareil vers le bas pour créer ce flou de bougé; avant même d’appuyer sur le déclencheur. Je la voyais, et pendant un temps cela m’a suffi.
Pourtant, quelques secondes plus tard une question m’assaillit. À quoi ressemblerait le résultat? Après tout, dans ce monde de performance et de rendement maximum, c’est important le résultat.
Par miracle, au développement du fichier RAW, quelle joie de voir apparaître à l’écran, cette image sortie de mon imaginaire, la même que celle qui s’était gravée dans mon désir. Quel bonheur de voir le phénomène se répéter à deux autres reprises. Trois sur trois. Important le résultat, je ne sais pas, je ne sais plus, mais satisfaisant, je le confirme.
Tous n’aimeront pas… les flous artistiques, on n’est pas obligé d’aimer ça! Mais pour moi, la transcription quasi parfaite de ma vision d’un instant, constitue un jalon inoubliable. Au final, rien à voir avec la performance pourtant; je ne suis pas si naïf. Je sais bien que le résultat est constitué d’un heureux mélange entre la chance et le travail.
Ce qui compte pour moi aujourd’hui, c’est cette douce satisfaction d’avoir anticipé quelque chose d’intangible, qui a finalement pris la forme voulue.
Cl